La disparition de Claude Chabrol, le 12 septembre 2010, a ému les cinéphiles du monde entier. Acteur, producteur et réalisateur bien sûr, pilier de la Nouvelle Vague, esprit libre avant tout, il nous livre ici son expérience de créateur.
À sa mort, Claude Chabrol laisse derrière lui un lourd patrimoine - Le Beau Serge (1959) évidemment, véritable manifeste de la Nouvelle Vague, mais aussi La femme infidèle (1969) ou Merci pour le chocolat (2000), pour ne citer que les films les plus connus. En 1976, lorsque Et pourtant je tourne paraît pour la première fois dans la collection " Un homme et son métier ", il a déjà à son actif une vingtaine de films et de téléfilms.
Dans cet ouvrage, le metteur en scène explique pourquoi, afin de fuir l'académisme, il se refuse à dessiner ses plans, à prévoir ses tournages sur le papier. Il s'attache à une forme abstraite qu'il maintiendra à travers obstacles et difficultés de tous ordres. De cette façon seulement, tout en intégrant constamment les trouvailles des comédiens et des techniciens, il pourra donner à chacune de ses productions sa cohérence, son allure, sa personnalité. Ainsi ont procédé, toujours, ceux qu'il appelait les Hauteurs : Murnau, Lang, Renoir, Hawks, Ford, Hitchcock...
Claude Chabrol raconte comment on fabrique un film. Il fait le procès de la censure, parle de l'argent, de la violence, du porno, de la politique, de la télévision. Il nous dit son indifférence aux critiques, aux honneurs, aux modes, son admiration pour Molière, Balzac, Simenon, Vélasquez, Mozart, certains auteurs de science-fiction, Philippe-Auguste, Joséphine de Beauharnais... Il règle quelques comptes, pique des colères, s'attendrit, se marre. Il affirme sa conviction que toute morale ne peut être que personnelle et qu'il ne faut pas enfermer les hommes dans des définitions et des jugements.