Mamassani. Shiraz. C'était le temps de l'enfance et de la paix. Le temps des roses, du jasmin, des rires et des dessins colorés. Celui de la poésie d'Hafez et de Saadi.
Je suis adolescent lorsque, en 1979, la révolution islamique éclate, puis quand mon pays entre en guerre contre l'Irak. De la mort, de la barbarie humaine, je ne connais alors rien.
L'Iran de mon enfance se drape de noir, de blanc. Je pars au front. Une génération sacrifiée sur le champ de bataille au son des sourates du Coran.
J'ai connu l'enfer. Je suis revenu sur terre. Ici, là-bas, je n'ai jamais cessé de dessiner. Mes croquis, eux, ont changé. De la lumière à l'obscurité.
Et puis, un jour, un aller simple Téhéran-Paris. C'était hier. C'était il y a vingt-quatre ans. En hommage à mes parents et toute ma famille restés derrière moi, je dois réussir. Coûte que coûte. Ma passion, la peinture, sera mon chemin de vie partagé avec mon dernier frère, Golan. Peindre pour exorciser et transcender la sauvagerie qui a marqué d'un fer rouge ma jeunesse. Peindre pour célébrer la paix. L'art s'impose à moi comme une thérapie. Comme exutoire. L'Art, ultime rempart contre la bêtise qui piétine les cultures et les hommes.
La peinture m'a dévoré. Elle est le moteur de ma vie, bien plus que moi. Une urgence.
G. R.