En avril 1912, les archéologues de Pompéi firent la découverte, dans la maison du mensor Verus, d'un curieux instrument, la groma. Composé d'une croix placée sur un support pivotant et de fils à plomb, l’outil servait à déterminer des niveaux et à tracer des angles. D’où le terme de « gromatiques » englobant les maîtres de l’arpentage latin. Non que les Romains aient été les premiers à instaurer cette discipline, largement pratiquée par les Egyptiens qui remesuraient chaque année les propriétés dont les limites avaient été effacées par les crues du Nil, puis par les Grecs, mais ceux-ci en firent un des fondements de leur empire : posséder, et donc délimiter la terre, est au cœur du système politique romain. Ainsi les fameuses centuriations, qui dessinent les propriétés selon des axes orthonormés, et sont visibles encore aujourd’hui non seulement dans les campagnes de Romagne mais aussi en Tunisie.
Notre édition est le premier volume d’un projet inédit, présenter l’ensemble des textes latins relatifs à l’arpentage. Le tome I rassemble les écrits d’Hygin le gromatique, contemporain, vraisemblablement, de Vespasien, et de Frontin, l’auteur bien connu des Aqueducs de Rome et des Stratagèmes. L’Introduction générale fait le point sur l’ensemble de nos connaissances relatives à la gromatique : le lecteur trouvera ainsi toutes les informations nécessaires à la bonne intelligence du texte, qu’il soit érudit ou simplement curieux de cette discipline originale, théorique autant que pratique et si fidèle à l’esprit romain. L’introduction est en outre assortie d’une bibliographie sommaire ainsi que d’un historique détaillé de la tradition manuscrite. Chacun des deux traités est précédé d’une notice explicative qui présente le texte et son auteur. Enfin l’ouvrage est assorti de notes, de figures, d’illustrations, d’un Index Verborum Notabilium et d’un Index Nominum.