Vraisemblablement au VIe s., un magister chrétien dont nous ne savons rien a voulu, sous le prétexte de commenter une partie de l'œuvre gromatique de Frontin (les Qualités des terres et les Controverses), composer une sorte de digest de la littérature des agrimensores qu'il devait avoir à sa disposition dans sa quasi-intégralité, en s’attachant surtout aux questions d’ordre juridique. Son ouvrage présente donc un témoignage intéressant sur la réception du corpus des agrimensores lors de la période très tardive de l’Antiquité, sur la connaissance que l’on avait à ce moment-là de ces textes techniques, et sur les difficultés que l’on éprouvait à les lire encore et à les interpréter, car le passage du temps, depuis le moment où avaient écrit Frontin, Hygin et les autres auteurs canoniques, avait entraîné des corruptions qui ne sont pas toujours mineures. Sélectionnant, donc, les passages qui lui paraissaient importants, pratiquant un « copier/coller » parfois un peu aléatoire mais souvent avisé, l’auteur du commentum a composé un petit manuel dont les spécialistes n’ont pas toujours saisi le grand intérêt ni la cohérence d’ensemble. Par ailleurs, une originalité remarquable de ce « commentaire » est qu’il est suivi, du propre aveu de l’auteur, d’un album de dessins destinés à illustrer les données théoriques fournies par le texte. Ces illustrations ne sont pas seulement, dans la forme où elles ont été conservées par la tradition manuscrite, des dessins dont la beauté artistique est parfois frappante. Elles accompagnent le texte pas à pas, ce que souligne pour la première fois la présente édition (volume III de la série des Arpenteurs romains dans la CUF), qui s’est attachée à les commenter en tenant compte aussi de leurs liens avec une tradition d'illustration qui remontait aux plus anciens traités des Arpenteurs.