Quand un flic de la BAC de Marseille interpelle Manuel Valls pour dénoncer l'état de déliquescence de la police nationale : " Monsieur le Ministre, la police dont vous parlez, moi je ne la connais pas. "
Vendredi 31 mai 2013. Marc La Mola a préparé ses questions et affûté ses arguments. Il les a griffonnés sur un morceau de papier mais il les connaît par cœur et n'aura pas besoin de les lire. Il maîtrise le sujet : la sécurité à Marseille, les services de police de cette ville, et ses dysfonctionnements.
Marc La Mola a rendez-vous avec Manuel Valls. Le ministre de l'Intérieur donne en effet une conférence de presse, avec quelques intervenants soigneusement choisis, semble-t-il. Pourtant, lorsque le ministre lui serre la main, le regard se fait fuyant. Et lorsqu'enfin on lui donne la parole, l'impatience et l'agacement se font clairement sentir. Manuel Valls sait que le tour de table va se renforcer. Il lui faut trouver un moyen d'abréger cette intervention. Marc La Mola est serein. Il s'empare du micro et, après les présentations et politesses d'usage, précise au ministre que cette forme de courbette lui est adressée pour quelques semaines encore. Ensuite, il sera définitivement radié des cadres des effectifs de la police nationale. Il a donné sa démission. Pourquoi ? Parce que la police n'est plus en mesure de porter aide et assistance à la société. Parce qu'il n'y a donc plus aucune raison de rester dans cette institution.
Les traits du ministre ne sont plus les mêmes. Lentement, calmement, Marc La Mola poursuit, implacable.
Mais le dialogue tourne court, et c'est furieux que le ministre de l'Intérieur assène : " Je ne demande pas à la police d'écrire des livres mais d'avoir des résultats ! Continuez à écrire vos scénarios et à faire des séries télé comme le font tous ces policiers... "
Marc La Mola a suivi les conseils du ministre de l'Intérieur : écrire, encore écrire. Faire l'état des lieux d'une institution moribonde.