" Nous n'avons pas eu à effectuer le terrible tri des malades " a-t-on pu entendre au printemps 2020. Mais en est-on si sûrs ?
Loin d'être un geste extraordinaire, le triage fait en réalité partie intégrante des champs de la médecine et de la santé. Seulement, la crise du SARS-CoV-2 a montré que le triage clinique n'était qu'une des dimensions et conséquences d'un triage systémique façonné par les politiques néolibérales et une technocratie sanitaire qui a, de longue date, négligé la santé publique.
L'essentiel n'est donc pas tant de savoir si nous trions ou pas que de choisir collectivement les modalités du triage et de définir démocratiquement les priorités de notre système de santé. Des expériences alternatives se rappellent à nous et dessinent des horizons différents, du renouveau de la santé communautaire aux potentialités des communs, en passant par l'émergence d'un triage écologique. La pandémie ouvre une brèche politique pour penser un autre triage, réinventer notre santé selon d'autres priorités : sociales, écologiques, démocratiques. La crise du SARS-CoV-2 est en cela bien plus qu'une crise sanitaire. Elle est un événement pandémopolitique.