Les Français commencent à comprendre qu'il n'est point d'autre politique possible, économique ou sociale, sans une autre politique européenne. Pas de nouvel élan sans une autre politique étrangère, dont aujourd'hui tout dépend.
Instituée par la traité de Maëstricht, la " politique étrangère et de sécurité commune " (Pesc) réinvente au même moment une " sécurité collective " qui tend un piège discret mais habile à ce qui reste de liberté politique aux nations. Depuis lors, chacun des grands dossiers internationaux – Yougoslavie, Proche-Orient, Otan... - a révélé d'inquiétantes discordes européennes. Quand l'Union parle d'une seule voix, c'est pour ne rien dire, dessaisissant les Etats de leurs politiques au bénéfice d'une normalité diplomatique qui accentue les déséquilibres et porte en elle bien des conflits. Le traité d'Amsterdam de juin 1997 entend substituer, à l'illusoire unanimité des Quinze, le principe de décisions prises à la majorité, qui enferme ainsi la France dans un tête-à-tête avec l'Allemagne la privant de ses alliances et de ses responsabilités mondiales. Si l'Allemagne peut imposer et l'Angleterre s'opposer, la France en est réduite à proposer, avant de se soumettre. C'est Munich tous les jours – et déjà Nuremberg...
Ecrit dans un style ample, d'une érudition qui n'exclut ni l'humeur ni l'humour, cet essai offre une synthèse de l'histoire, de la géographie et des rapports de force de l'Europe au XXème siècle, éclairant la délicate partie diplomatique que jouent aujourd'hui les Quinze.