Publié à la veille de l'énième " réélection " du despote tunisien Ben Ali, ce livre dénonce, de façon documentée, l'insupportable hypocrisie des responsables européens face aux régimes autoritaires du monde arabe.
Ce livre est le fruit d'une colère froide. Fins connaisseurs du monde méditerranéen, depuis de longues années aux avant-postes de la lutte pour la démocratie en Tunisie, ses auteurs ne supportent plus la criminelle hypocrisie des responsables de l'Union européenne. Depuis 1995 et la " déclaration de Barcelone " sur le partenariat euroméditerranéen, ces derniers prétendent établir une " zone de paix et de stabilité " en Méditerranée en encourageant le " respect des principes démocratiques et des droits de l'homme ". Alors qu'en pratique, l'Europe apporte un soutien constant, politique et économique, aux despotes du Sud, du Maroc à la Syrie, en passant par l'Algérie, la Tunisie, la Libye ou l'Égypte. Sihem Bensedrine et Omar Mestiri montrent ici que violations des droits de l'homme et corruption, à des degrés divers, sont les traits communs de ces régimes. L'Europe le sait, mais préfère soutenir leurs politiques répressives, au motif qu'elles seraient un moindre mal face à la menace islamiste. Et ce n'est pas un hasard, expliquent les auteurs, si la Tunisie de Ben Ali est devenue la capitale arabe de la " sécurité ", où se réunissent régulièrement les ministres arabes de l'Intérieur et leurs homologues européens : avec sa façade démocratique en trompe-l'œil, le " modèle tunisien " fait figure de champion de la lutte antiterroriste, même s'il n'a pas empêché Djerba d'être la cible d'Al-Qaïda. En refusant ainsi la liberté aux peuples du Sud, l'Europe nourrit leur désespoir et fait le lit du terrorisme qu'elle prétend combattre.