« Partant de l’expérience vécue de la maladie, je voudrais montrer en quoi cette crise sanitaire est révélatrice d’un état problématique de notre société. La pandémie introduit sournoisement, massivement, l’angoisse de la maladie et de la mort ; elle fait apparaître la fragilité de la vie individuelle autant que collective, et notre relative impuissance devant un virus mal connu et contagieux.
Face à cette épreuve, un président déclare le pays “en guerre”, des médias tournent en boucle, des médecins se disputent sur les plateaux… Des courants idéologiques gauchisants, des écologistes fondamentalistes, tout comme un courant de droite réactionnaire qui rêve de revenir en arrière en ont profité pour faire valoir leurs thèses : “On vous l’avait bien dit !” Les polémiques et les oppositions sommaires incitant les citoyens à choisir leur camp ont repris de plus belle. Comment s’y reconnaître dans tout ce fatras ?
Nous vivons une pandémie anxiogène et bavarde qui nous a plongés dans un monde étrange où il est devenu difficile de démêler le réel de la bulle médiatique qui l’enveloppe. Le confinement nous a plongés dans une sorte de tunnel dont on ne voyait pas le bout – en sommes-nous vraiment sortis ou bien un nouveau mode de vie va-t-il s’installer durablement ?
Le personnel soignant s’est trouvé confronté à l’épreuve du tragique. Il subissait depuis des années des restrictions budgétaires enveloppées dans une incroyable logomachie managériale sur la “performance” et ses multiples “boîtes à outils”. Malgré la bureaucratie, le manque de protection et de moyens, il a su y faire face de manière exemplaire.
La pandémie a révélé une société malade et fracturée, en même temps qu’elle a fait apparaître des “réserves d’humanité” qu’on aurait pu croire disparues à l’heure du repli individualiste et communautariste. Un tel élan est-il temporaire ou se prolongera-t-il par-delà le choc de la pandémie ? »