Appliqué au vaste mouvement intellectuel, artistique et littéraire de la Renaissance, le terme d’« humanisme » est une création relativement récente. Incontestablement commode, il a l’avantage de résumer une période dont les conquêtes et les mutations se distinguent à la fois du Moyen Âge finissant et du siècle classique. Mais il contient aussi de redoutables imprécisions ou ambiguïtés, que n’ont pas manqué de mettre en lumière les historiens de la littérature et des idées.
Si la Renaissance bouleverse l’expérience que l’homme fait de lui-même, cette expérience revêt des formes éminemment variables selon les lieux et les moments : de l’humanisme florentin du XVe siècle aux Essais de Montaigne, les aspirations évoluent, les discours s’enrichissent de nouvelles possibilités et l’horizon culturel se métamorphose. Comment en irait-il autrement, dans un monde qui s’ouvre à de nouveaux continents, invente le capitalisme et vit un schisme religieux sans précédent ? Pris dans cette tourmente, l’humanisme ne saurait évidemment se réduire à une doctrine ou une idéologie : il est lui-même quête et mouvement, interrogation toujours relancée sur la possibilité de construire une authentique communauté humaine.