Le monde des oiseaux et celui des hommes sont pareils : le pinkson est l’oiseau rare qui permetà Caren Jeß de s’interroger sur les catégories du genre et de la croyance, dans une satire joyeusement baroque.
Bookpink comporte sept dramuscules qu’on peut lire et mettre en scène isolément : Sale paon, Busard dans le béton de la raison, Flamingos dance, La mésange des marais, Dinde, Cueille le pinkson, Blanche colombe. Sur les 36 personnages, la moitié sont de drôles d’oiseaux qui présentent toutes les caractéristiques de l’humain. En « Plattdeutsch », dialecte de la grand-mère de l’auteure, Bookpink désigne le pinson (Buchfink), à la fois joyeux chanteur et l’un des reproducteurs les plus répandus en Europe centrale. Mal né, le sale paon a fait de la taule, il veut sortir de sa condition, mais un moineau triso lui en dénie le droit. La mésange mâle des marais ne veut pas être réduite à sa beauté et meurt en voulant rejoindre à la nage la rive de la Terre promise. La dinde gourou conduit sans état d’âme ses adeptes à leur perte… Les scènes sont hilarantes et cruelles, jouant avec virtuosité des registres et des mots. Il est question d’égalité des chances, de métamorphoses, de religion et d’ésotérisme, d’une relation mère-fils compliquée, d’exotisme et de genre. Le tout compose un ensemble baroque savamment maîtrisé, entre théâtre narratif, « Welttheater » (monde renversé) et allégorie.