Le 30 juillet 1972, un avion américain qui allait de Detroit à Miami fut détourné par cinq américains (trois hommes et deux femmes) accompagnés de leurs enfants. L'avion fut détourné sur Alger où ils débarquèrent avec le million de dollars qu'ils avaient obtenu de la compagnie aérienne pour le donner aux Panthères noires.
À l'automne 1978, va s'ouvrir à Paris le procès de quatre d'entre eux, arrêtés en France où ils avaient cherché refuge. Ils se sont mis à écrire, en prison, le quadruple récit d'une jeunesse humiliée : la misère du ghetto, les couples qui se défont, l'alcoolisme, les taudis où courent les rats, la faim, les chapardages et l'engrenage de la délinquance. Partout à l'école, au pénitencier, au service militaire, au travail (quand ils en ont), ils se heurtent au mépris, au harcèlement policier, à l'injustice.
Ces Noirs américains se sont rencontrés dans un même refus de vivre à genoux et ils ont décidé de s'évader ensemble du ghetto vers l'Afrique dont ils rêvent. Mais les Panthères noires sont en pleine crise. Ils quittent l'Algérie pour la France. Ils commençaient à y être heureux... En prison maintenant, inculpés pour avoir détourné un avion aux États-Unis, chacun d'entre eux témoigne avec ses souvenirs. Et ils espèrent, car, s'ils ont recouru au chantage, c'est parce qu'ils n'en pouvaient plus de vivre dans la violence et le mépris. Ils ne justifient pas leur acte. Mais ce qu'ils ont vécu est leur meilleure défense, et le plus terrible des réquisitoires contre le racisme aux États-Unis, cette honte que d'autres hontes ne doivent pas faire oublier.