« La perte du lieu, c’est comme la perte d’un autre, du dernier autre, du fantôme qui vous accueille chez vous lorsque vous rentrez seul. »
Il suffit d’avoir déménagé une ou deux fois dans sa vie pour pouvoir imaginer sans trop de mal les effets destructeurs qu’entraîne la perte des repères spatiaux-temporels. Ce n’est plus seulement la psychologie qui est en cause dans la situation des sans-logis, mais directement le sens de la relation, de l’identité et de l’être. Candide ou le Persan de Montesquieu étaient des personnages d’ethnofiction, mais ils regardaient le monde pour s’en étonner. C’est en se regardant lui-même, aujourd’hui, que le personnage d’ethnofiction découvre la folie du monde.
Marc Augé, ethnologue et écrivain, a été président de l’École des hautes études en sciences sociales entre 1985 et 1995. Il a publié au Seuil, dans « La Librairie du XXIe siècle », Domaines et châteaux (1989), Non-lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité (1992), La Guerre des rêves. Exercices d’ethno-fiction (1995), Casablanca (2007) Le Métro revisité (2008) et Quelqu’un cherche à vous retrouver (2009).