Enfant et momentanément esseulée dans la maison de ses grands-parents, la narratrice tombe sur une revue « pour adultes », dont elle a le temps de regarder quelques images avant que son père ne la découvre et l’interrompe. L’incident est oublié, mais se réveille à l’adolescence (les ruses du samedi soir) et surtout à l’entrée dans l’âge adulte avec le commencement des études universitaires, hors du cadre familial. C’est alors la découverte d’un univers qui a beaucoup changé entretemps, celui de la pornographie sur Internet. Comme si l’auteure était appelée là où le regard s’était autrefois interrompu, pour assouvir une curiosité longtemps enfouie.
C’est une histoire personnelle, intime, de l’imagerie pornographique (de YouPorn aux variantes les plus récentes) qui est racontée ici. Le livre est pris dans une tension qui lui donne toute sa force : d’un côté la conscience des conditions le plus souvent exécrables de production du porno (domination masculine, exploitation de femmes souvent très jeunes, modèle de sexualité fondé sur la soumission), et d’un autre côté une fascination irréfrénable, qui pousse à y aller voir, encore et encore.
Claire Richard ne juge pas. Son approche, sans complaisance, est littéraire. Elle nous offre, dans une écriture sobre et ciselée, ses « chemins de désir ».
Les chemins de désir est aussi une fiction d’ARTE Radio disponible en podcast à partir du 7 mars sur arteradio.com
Texte et narration de Claire Richard, réalisation de Sabine Zovighian et Arnaud Forest