Fondée à la fin du xixe siècle, l’Université de Chicago a inauguré la première entreprise systématique d’étude des sociétés contemporaines. Dans celle ville qui préfigurait le monde actuel en matière de grande industrie, de protestation sociale, de problèmes urbains, se sont succédé des générations de chercheurs qui occupent une place centrale dans la sociologie américaine : William Thomas, Robert Park, Ernest Burgess, Louis Wirth, Everett Hughes, Herbert Blumer, Howard S. Becker, Erving Goffman et tant d’autres.
Jean-Michel Chapoulie retrace la genèse de la tradition sociologique de Chicago et répertorie l’ampleur de son héritage en sciences sociales. Le livre s’attache aux différents contextes qui entourent les œuvres, aux modes d’enquête et aux manières d’écrire. Puis, retenant des domaines toujours au cœur des préoccupations d’aujourd’hui (le travail, la délinquance, les relations interethniques), il fait apparaître l’orientation commune à ces travaux, ainsi que ses limites.
Adoptant une perspective originale sur l’histoire des sciences sociales au xxe siècle, cet ouvrage constitue aussi une réflexion sur le « savoir » dans ces disciplines, à l’écart des deux conceptions longtemps dominantes, le néopositivisme inspiré des sciences de la nature et l’hyper-relativisme.
Sociologue et historien des sciences sociales, Jean-Michel Chapoulie a notamment contribué à l’histoire de la scolarisation en France (L’école d’État conquiert la France, PUR, 2010) et à l’épistémologie des sciences sociales (Enquête sur la connaissance du monde social, PUR, 2017).