L’enfant n’était pas encore née, mais Io-Anna s’était tatoué son prénom futur dans le bas du dos : Joyce. Et Grace, la belle-mère, devineresse, enchanteresse et guérisseuse, avait été visitée par une vision prometteuse.
« Confiance est le chemin de ce qui échappe au malheur. » Cette parole, Io-Anna l’a laissée en dépôt auprès de Grace afin qu’elle soit transmise plus tard à Joyce. Car elle ne sait pas si elle aura le cœur à lui dire, elle-même, ce qu’elle a eu pourtant le cœur à vivre : comment, pour échapper à un ordre patriarcal honni, elle s’est enfuie sur un vélo, à travers la boue des marais, avec Sunday le colporteur qui deviendra plus tard le père de l’enfant ; comment la petite Joyce leur est arrivée, inanimée, sur un radeau flottant. « Il faut se mettre à trois pour faire un enfant », dit Grace, « le mâle, la femelle et l’Invisible. »
Au pied de l’acacia, l’arbre de l’innocence, un magnifique hymne au courage de vivre, porté par trois générations de femmes en révolte dans l’Afrique d’aujourd’hui.
Kossi Efoui est né dans le Golfe de Guinée. Cantique de l’acacia est son cinquième roman, après Solo d’un revenant (2008, prix des Cinq continents de la francophonie) et L’Ombre des choses à venir (2011). Comme auteur de théâtre, il travaille en France au sein de la Compagnie Théâtre Inutile.