Tout le monde croit qu’il faut condamner le dopage comme une entorse grave à l’éthique du sport, et renforcer les sanctions contre les pratiques dopantes. Or cette position est absurde et parfaitement inefficace, dans une société de marché fondée sur la compétition généralisée et le culte de la performance individuelle. Transformé en spectacle marchand, le sport professionnel n’a fait que s’adapter à l’évolution de notre société ! Comme des millions de salariés en situation d’hyper-compétition, les sportifs sont contraints de se doper – et fortement encouragés à le faire – pour être à la hauteur des résultats que l’on exige d’eux.
Par conséquent, moraliser le sport supposerait de changer la société. Si nous persévérons sur la voie d’une société de marché hyperindividualiste, alors l’avenir du sport passera par la légalisation du dopage et par la création d’athlètes posthumains, mi-humains mi-robots… Si nous bifurquons vers une société plus coopérative que compétitive, alors le sport sera bien moins spectaculaire… mais tellement plus sportif !
Entre ces voies, que choisirons-nous ?
Jean-François Bourg est docteur en sciences économiques et chercheur à l’université de Limoges (OMIJ/CDES). Jean-Jacques Gouguet est professeur d’économie, d’aménagement et d’urbanisme à l’université de Limoges (OMIJ/CDES). Spécialistes internationalement reconnus de l’économie du sport, ils ont publié dans ce domaine une quinzaine d’ouvrages et de nombreux articles traduits en plusieurs langues.