Le 1er janvier 1990, Günter Grass entreprend de tenir un journal, ce qu’il n’a pas fait depuis longtemps, et il le poursuit pendant treize mois : ceux au cours desquels s’opère la réunification des deux Allemagnes, qui est son principal souci, car les formes qu’elle prend l’inquiètent et le révoltent.
Écrivant peu, cette année-là, l’auteur dessine, réfléchit, dialogue, jardine, cuisine, voyage d’une Allemagne à l’autre : entre RFA et RDA, mais aussi entre l’Allemagne d’hier et la nouvelle, avec des crochets vers son Gdansk natal et sa Cachoubie, vers le Danemark, le Portugal, vers Prague, et vers Paris où il a écrit jadis Le Tambour.
Ce journal conserve tout son intérêt politique : la réunification allemande fut un petit laboratoire de la mondialisation. Mais c’est aussi un témoignage exceptionnel sur le travail de l’artiste graphiste, d’habitude éclipsé par l’écrivain, et sur la genèse de deux romans : L’Appel du crapaud, et surtout la grande fresque Toute une histoire, controversée en Allemagne mais souvent considérée comme un de ses chefs-d’œuvre.
Günter Grass, né en 1927 à Dantzig, étudie la peinture et la sculpture avant de se tourner vers la littérature. En 1959, Le Tambour, traduit dans le monde entier, lui assure une fulgurante renommée. Suivront une vingtaine d’autres romans, récits et essais.
Günter Grass a reçu le prix Nobel de littérature en 1999.