Entre histoire et anthropologie, poursuivant ses réflexions sur les pratiques du comparatisme, Marcel Detienne, en compagnie d'une équipe de chercheurs, veut comprendre comment se constitue une "assemblée" politique, quelles sont les règles qui président à une prise de parole. Ou encore: comment se dégage une représentation des affaires communes nées de pratiques collectives? Quelles sont les formes que peut prendre une "opinion publique"?
Dans la tradition ancienne, le héraut demande: "Qui veut prendre la parole?" Faut-il pour autant croire au "miracle grec"? à "la démocratie" tombée du ciel à Athènes? Les pratiques d'assemblée ne sont pas limitées à l'Occident, à l'Italie médiévale, aux cantons suisses, à l'Angleterre des Commons ou à la France des Constituants. Pour prendre des décisions politiques, on ne cesse de se réunir, tant chez les Cosaques du XVe au XVIIe siècle qu'au XXe siècle en Éthiopie du Sud, chez les Ochollo.
Né d'une entreprise nécessairement collective, ce volume témoigne d'un projet de comparatisme pratique: observer les lieux (espaces et/ou architectures) et les modes d'assemblée politique dans des sociétés différentes.
Privilégiant les manières concrètes de s'assembler, on entreprend de voir ici comment se construit une communauté politique à travers des expériences variées et dans des sociétés éloignées les unes des autres. La comparaison permet ainsi de penser l'universalité de la Communitas dans sa diversité.
À l'origine de ce livre, une rencontre à la Fondation des sciences politiques de Paris, en janvier 2000.