«Je consomme beaucoup d'histoires, plusieurs par jour.
Je regarde un documentaire à la télévision, trois minutes
d'un feuilleton, une bagarre entre sportifs, je lis des
livres qui contiennent des douzaines d'histoires avec
toujours, j'espère, un morceau de la mienne. Ça arrive
parfois, alors je me sens mieux. Je voudrais savoir
pourquoi, comme tout le monde, j'aime les histoires, je
voudrais bien savoir de quoi elles sont faites.
J'aimerais entrer là-dedans, pour voir.»
Dans ma vraie vie, j'ai souvent glissé dans les fantasmes,
ou le mensonge. Quand ils se taisaient,
sous le poids des phénomènes, je les ai ravivés.
Je me suis efforcé de me détacher de ce qui était
là par ce qui n'était pas là, mais pas loin, par
exemple un père inconnu.
Je lui ai couru après, je ne l'ai pas attrapé.
Pourtant, un jour, je lui ferai donner ce que l'on
attend d'un père idéal : des cuisines aménagées,
des voitures de standing, une piscine, et des
baisers sur le front.