"J'habite un village de 600 habitants, à 75 km au nord de Paris. À la dernière élection présidentielle. Le Pen y a obtenu deux fois plus de voix que Chirac et cinq fois plus que Jospin. En 1988, Mitterrand était majoritaire. Ici, pas un immigré, pas de délinquance. Dans ce village à l'environnement préservé, on croise plus de cerfs que de cas sociaux. Alors pourquoi ce vote?
Mes voisins, des gens "bien ordinaires", ne sont en rien des "fachos caricaturaux". À travers de longs entretiens comme de petites anecdotes, j'ai essayé de comprendre comment le venin raciste s'était distillé dans cette petite communauté, comment le fantasme sécuritaire joue à plein dans les esprits."
Ch. D.
Chronique d'un village à l'heure lepéniste, cette plongée dans la réalité sociale permet d'éviter les préjugés et les banalités: les "Français d'en bas", ceux qu'on n'écoute jamais, s'expriment. De ces itinéraires croisés émerge un portrait de groupe, celui d'un monde ignoré qui s'est nourri d'être rejeté, image d'une société française éclatée et souffrante.