Croix sans amour achevé en 1947 et Le Testament rédigé en 1948, comptent parmi les tout premiers écrits de Heinrich Böll et éclairent la genèse de son œuvre.
Dans Le Testament, en 1943, sur le mur de l’Atlantique, deux officiers s’affrontent : le catholique rhénan soucieux de la vie de ses hommes, le Prussien fanatique de l’ordre et de la discipline. Ils révèleront leur vraie nature en Russie. Croix sans amour relate le destin d’une famille catholique de 1933 à 1945. Deux frères s’opposent : le premier, séduit par l'idéologie national-socialiste, le second champion de la résistance individuelle au régime. Leurs retrouvailles sur le front russe seront tragiques.
L’auteur évoque son expérience de la guerre, un immense gâchis humain, mais au tréfonds de la déréliction, la possibilité de se révéler à soi-même, d’entrevoir une chance de salut. Ces textes sont marqués d’une empreinte humaniste qui n’appartient qu’à Böll : celle de l’authenticité et d’une foi exaspérée en Dieu.
Heinrich Böll, né à Cologne en 1917 dans une famille catholique, est convoqué au printemps 1939 pour une "courte période" qui s'achève en 1945. De retour dans sa ville natale, il s'impose comme le chef de file des écrivains de la génération d'après guerre. Plusieurs recueils d'essais, une centaine de nouvelles, une douzaine de romans marquent sa carrière littéraire, couronnée par le prix Nobel de littérature en 1972. Il meurt le 16 juillet 1985.
Traduit de l'allemand par Alain Huriot