Le corps féminin
Produit social, culturel et historique, porteur et producteur de signes, le corps n’a jamais cessé, aux xviiie et xixe siècles, de changer de sens en changeant d’apparence. Au cours de cette époque, les sociétés sont l’épicentre des transformations culturelles les plus vives : elles modèlent le corps féminin, le fragmentent et le recomposent en fonction des schémas de perception et d’appréciation.
Hygiénisme, mode outrancière, canons morphologiques, sophistication inouïe des toilettes : les chairs s’exténuent, par tous types de médiations, à ressembler aux images qui les façonnent. Il s’agit toujours de travailler l’apparence humaine, de la sublimer pour en faire un instrument symbolique, mais aussi un produit social. Car, au-delà des représentations de la beauté, le corps est un capital où s’entremêlent les effets d’une condition sociale, d’une division des rôles et d’une vision du monde.
Philippe Perrot
Chargé de recherches à l’université de Genève, il est l’un des plus grands historiens de la mode et des apparences.