Le capitalisme présente, dit-on, un visage froid. Individualisme, désenchantement, division du travail, rationalisation... : autant de portes d'entrée dans ce monde sans états d'âme, héritées d'une longue tradition de sociologues, d'historiens et d'économistes.
Aurait-on oublié que les sentiments sont des acteurs majeurs de l'histoire du capitalisme ? Et que la modernité a favorisé le développement d'une nouvelle culture de l'affectivité engageant le moi privé à se manifester plus que jamais dans la sphère publique ?
C'est ce « capitalisme émotionnel », qui pousse l'individu à la réalisation la plus intime de soi, qui s'approprie les affects au point de transformer les émotions en marchandises, et qui culmine aujourd'hui dans les nouvelles formes de sociabilités nées de l'Internet qu'explore ici Eva Illouz.
Eva Illouz est directrice d'études à l'EHESS et professeur de sociologie à l'université hébraïque de Jérusalem.