Tout est en place pour que la faim gagne dramatiquement du terrain au cours des prochaines décennies : changement de la situation alimentaire mondiale, utilisation presque systématique de l’arme de la faim dans les conflits, indifférence croissante de la communauté mondiale à l’égard des drames du Sud, dès lors qu’ils ne menacent pas un ordre international dominé par la loi du marché… cet engrenage risque d’aboutir à la disparition programmée de milliers d’êtres, des enfants en majorité, au cours des prochaines années.
Face à ce drame, le fatalisme qui évoque l’accroissement de la population planétaire ou le prétendu plafonnement des disponibilités alimentaires n’est pas acceptable. Il s’agit de fallacieux prétextes reposant sur des analyses erronées que propage tout un courant malthusien soucieux de légitimer le repli sur soi des pays riches. Des pays qui perçoivent désormais le Sud comme une menace et adoptent des politiques de plus en plus restrictives.
La terre, en réalité, pourrait nourrir une humanité bien plus nombreuse qu’aujourd’hui si la faim cessait d’être une tragédie banalisée. Preuves en main, sans précautions de langage, Sylvie Brunel s’insurge ici contre cette résignation et ce nouvel égoïsme conduisant les pays nantis à restreindre leur aide aux plus pauvres. L’avenir de l’humanité dépend en effet de la façon dont nous saurons non seulement les sauver mais aussi les associer à la marche du monde.