« On devrait naturellement se montrer d’autant plus scrupuleux à l’égard de ses dernières paroles, mêmes feintes. » Non sans ironie, Robert Musil a préféré couper court aux tentations des biographes en entreprenant un travail « pré-posthume » de son vivant. Depuis le papier tue-mouches jusqu’au cheval qui rit, en passant par les monuments historiques qui n’impressionnent plus personne, son époque est faite de bruits et de béances. Il s’interroge : qu’est-ce que la vie, qu’est-ce que l’art ? Pourquoi ne fait-on que regretter les artistes du passé et attendre ceux du futur ? Considérations satiriques et émouvantes s’entremêlent, portant chacune la marque d’un immense talent.
Né en Autriche en 1880, Robert Musil abandonne très vite sa carrière dans les armes. Après la publication de son premier roman, il décide de se consacrer entièrement à la littérature. Mort subitement en 1942, il laisse inachevé L’Homme sans qualités. Il est considéré comme l’un des auteurs majeurs du XXe siècle.
« Musil est partagé entre sa fascination pour la science, la rationalité et la poésie, et même la mystique. La lecture de cette œuvre m’a conforté dans un certain relativisme à l’égard de tout totalitarisme, religieux ou politique, et a raffermi certaines de mes intuitions. »
Philippe Jaccottet
« On est foudroyé d’émotion devant ses images qui font apparaître tremblant, éternel, un bout du monde où le monde tient tout entier. »
La Quinzaine littéraire
Traduit de l’allemand par Philippe Jaccottet