Avec Le Procureur, Augusto Roa Bastos nous emmène dans un univers où l’amour, paisible et transparent, est soudain détruit par les atrocités commises au nom de l’ordre, de la morale et de l’honneur. Longue et inquiétante lettre posthume qu’un journaliste paraguayen vivant en France, Félix Moral, adresse à sa femme, Chimène, ce livre du désir et de l’échec est tissé sur l’envers d’une dictature : l’exil.
L’organisation d’un meurtre, d’un « tyrannicide », est le fil qui traverse le récit de Félix Moral, tantôt Mémoires, tantôt hymne à l’amour, tantôt opérette absurde et sanglante. Le Procureur, né des cendres d’un premier manuscrit brûlé il y a plusieurs années, vient compléter le retable d’Augusto Roa Bastos sur la grande tragédie paraguayenne. Il reprend, en même temps que le thème du pouvoir absolu, le sujet qui hante toute l’œuvre de l’écrivain : la responsabilité de l’individu devant le monde et devant l’histoire.