Historien ou philosophe ? Théoricien de la culture ou intellectuel engagé dans les luttes de son temps ? Parce que la trajectoire de Michel Foucault a déjoué de bout en bout ces alternatives, sa relecture contemporaine oblige à adopter un double regard, aussi attentif au détail de ses arguments qu’à la forme même de ses interventions dans l’ordre du discours et l’espace public. Livre à deux voix, entre histoire et philosophie, D’après Foucault rassemble une série d’études dont l’enjeu commun est d’éclairer, par un retour sur l’œuvre de Foucault, la contribution possible de celui-ci aux débats et aux combats du présent, son apport à la compréhension d’une époque qui, déjà, diffère de la sienne. Comment Foucault a-t-il transformé, pour longtemps, les gestes canoniques de l’enseignement ou de l’écriture, leur adjoignant l’exigence du diagnostic, le goût pour l’anonymat ou pour l’éclat de rire ? Quel éclairage offrent ses travaux sur les transformations contemporaines du droit et de la lutte pour les droits, sur l’irruption des soulèvements, sur le renouveau d’une éthique qui ne se réfugie pas dans l’invocation des grands principes ? Comment tirer, de sa lecture, des horizons renouvelés – le programme d’une histoire politique de l’écriture, ou d’une politique des usages et des usagers ?
Lecteurs autant que « passeurs » de la pensée de Foucault, Philippe Artières et Mathieu Potte-Bonneville tentent ici d’inventer, vis-à-vis de lui, une fidélité sans nostalgie, afin de prolonger et de relancer cette « morale de l'inconfort » dont il s’est voulu le promoteur, dans la théorie comme dans la politique.