Ce numéro 160 prolonge la réflexion sur les formes de classification de la pauvreté, commencée dans le n°159 sur la « politique des espaces urbains » : mais il ne s’agit plus tant d’analyser l’administration du logement et des sans-logis que de s’attacher à la diversité des processus de mise à l’écart de groupes sociaux dans des zones ségrégées. La réactivation du mythe du « ghetto français » tend en effet à occulter la réalité et la complexité historique des mécanismes de discrimination qui touchent les franges les plus pauvres et les plus déclassées de sociétés aussi différentes que les Etats-Unis, l’Inde ou la Roumanie. Derrière le terme de ghetto, il s'agit de voir comment la mise à l'écart, en milieu rural ou urbain, renforce les inégalités sociales, en produisant de nouvelles formes de gestion des populations.