Un écrivain reçoit un jour de son éditeur la commande d’une autobiographie du général Franco. Anti-franquiste de toujours, Marcial Pombo se met au travail.
L’histoire officielle, racontée de la bouche même de Franco, se teinte alors de tout ce qu’a été véritablement le franquisme : cruauté, médiocrité, aveuglement, ridicule, tandis que le portrait que brosse de lui-même le dictateur révèle un usurpateur revanchard, sans culture ni formation, plus rusé qu’intelligent et se prenant pour un croisé investi d’une mission purificatrice. Agacé par sa propre plume, Marcial Pombo parasite çà et là le récit apocryphe pour rétablir l’autre histoire, non officielle, non écrite, celle des victimes de quarante ans d’obscurantisme.
De la naissance du dictateur, en 1892, à sa mort, en 1975, ces pages retracent la tragédie du vingtième siècle espagnol : chute de la monarchie, guerre du Maroc, guerre civile, exil et cette chape de plomb qui a pendant quarante ans asphyxié l’Espagne. En faisant de Franco et de son entourage tant familial que politique des personnages du roman, Manuel Vásquez Montalbán a magistralement recréé ce qu’aucun manuel d’histoire ne peut transmettre : le langage d’une dictature, la rhétorique cachée d’un régime qui se donna pour devise « Vivre la mort ».