Un jeune homme veut se tuer; il a vingt ans; il est juif. Le vieillard qu'il rencontre l'après-midi de ce qu'il croit devoir être son dernier jour, est juif; il a quatre fois vingt ans; il est le seul survivant de Kolvillàg.
Cette petite ville d'Europe centrale ne figure sur aucune carte, dans aucun manuel d'histoire. Elle n'existe plus que dans la mémoire du vieillard; et dans un livre dont il est le dépositaire. Lié par un serment, il assure ne pouvoir en parler. Pourtant, il en parlera : "Si je te racontais Kolvillàg ?... Il y a là une leçon dont tu pourrais tirer profit. Kolvillàg : la haine contagieuse, le mal libéré. Les conséquences graves d'un épisode banal et insensé... Brisant les chaînes, l'Ange exterminateur a fait de tous les hommes ses victimes..."
C'est l'histoire d'un pogrom. Histoire absurde à l'origine; angoissante dans le progression de l'inévitable; hallucinante par l'Apocalypse finale qui n'épargne pas plus les massacreurs que les massacrés. C'est aussi la peinture d'une communauté juive, avec ses figures pittoresques ou émouvantes dominées par celle du hassid Moshe, "le fou".
C'est enfin l'illustration entre toutes pathétique d'un thème obsédant d'Elie Wiesel : la fidélité aux morts devenant raison de vivre : "Ayant reçu cette histoire, tu n'as plus le droit de mourir", dit le vieillards au jeune homme.