Almagestes se rapportait essentiellement au Langage. Portulans concerne la Subjectivité - mieux vaudrait dire les figurations romanesques de cette construction idéologique particulière que depuis deux ou trois siècles on appelle : sujet, personne, individu, conscience, et au dépérissement de laquelle nous avons le bonheur ambigu d'assister.
Ce qu'Almagestes tentait au niveau des structures élémentaires de l'expression romanesque (styles, codes, syntaxes...), Portulans l'entreprend donc, d'une manière infiniment plus classique, au niveau des "grandes formes" : description, narration, chronologie, personnages, scènes, etc. C'est dire qu'à la différence d'Almagestes, Portulans est un roman.
Cependant ce roman demeure critique, puisque aussi bien le point de vue de la subjectivité n'est pas, pour l'auteur, celui de la vérité. De là que Portulans enveloppe la possibilité d'une double lecture. On peut y voir un roman traditionnel, où sept personnages, peut-être huit, et peut-être neuf, tissent et défont, dans des aventures ordonnés, le réseau mobile de leurs rapports. Mais on peut considérer que ces personnages composent les diverses figures structurées d'une seule subjectivité, progressivement inscrite dans le mécanisme fatal qui les gouverne tous sans qu'ils le sachent, si même ils le pressentent : ainsi se trouve montré que le Sujet trouve son être inévitable dans un Jeu où ce qui s'atteste n'est que son manque.
La lecture de Portulans se trouve être, de ce fait, inverse de celle d'Almagestes. Le premier livre dispersait des thèmes simples dans une prolifération culturelle délibérement hétérogène et retorse. L'idée de Portulans, c'est-à-dire la structure souterraine qui en est le sujet véritable, n'est guère simple. Mais son évidence extérieure est celle d'un roman "d'autrefois", qu'il n'est pas interdit de lire pour le calme intérêt des histoires qu'il raconte, des personnages qu'il invente et des lieux qu'il décrit.