Depuis sa mort en 1994, nul homme de théâtre ne fut plus complet que Jean-Louis Barrault. Né en 1910, il y a tout juste un siècle, il découvre la scène pendant l’âge d’or des années 1930. Successivement et simultanément jeune fauve du cinéma d’avant-garde, « comédien-français », vedette de cinéma, directeur de compagnie, baladin international, mime, il se fait tantôt servant de la tradition, tantôt provocateur de la modernité — comme lors de l’occupation en mai 1968 de son fameux Théâtre de l’Odéon, dont il sera chassé.
Il a été, avec sa femme Madeleine Renaud, le disciple, l’ami ou l’interprète de tout ce que la vie artistique française a connu d’important jusqu’aux années 1970, de Dullin à Artaud, du surréalisme à Claudel, de Gide à Camus, de Sartre à Genet, mais aussi des peintres et des musiciens, des poètes et des danseurs…
Sa vie est à l’image de ce répertoire richissime dont il fut, en alternance, l’interprète ou le metteur en scène. Il en fait ici le récit, avec une grande liberté de ton et d’effets, revenant sur les réussites ou les enjeux — ce sont les confessions d’un créateur. Mais il en dit aussi les difficultés et les incertitudes — et c’est le journal de bord d’un artiste accompli : celui d’un homme « qui se passionne pour tout et qui ne tient à rien ».
Préface de Denis Podalydès