La postérité de Dante s’explique par la dimension universelle que revêtent son expérience personnelle, ses espoirs ou ses doutes, livrant une interrogation intemporelle sur le statut même du sujet humain. Dans ce voyage métaphysique qu’est la Divine Comédie, le poète décrit la métamorphose de l’individu du sensible au spirituel, la naissance d’un sujet authentique, capable à la fois d’accepter sa condition mortelle et d’accéder à ce que Dante nomme, au Paradis, le trasumanar. Ce néologisme par lequel il traduit une expérience de dépassement du soi et de l’humain est sans doute la clef de lecture à partir de laquelle son œuvre prend sens : déceptions amoureuses, condamnations ou exil, elle manifeste le long chemin parcouru par cet « esprit pèlerin », de l’humain vers le surhumain. Une métamorphose de soi qui est aussi une métamorphose de l’amour sous toutes ses formes.
Didier Ottaviani est agrégé de philosophie, maître de conférences à l’ENS-Lyon.