Professé d’abord et polycopié à Strasbourg dès 1953 puis devenu « Cours de Sorbonne » polycopié en 1957, ce Cours interprète avec rigueur le sens des trois mots du titre : « être », « essence » et « substance » – les concepts fondamentaux de la métaphysique occidentale. Ils représentent, comme tels, un progrès considérable de la raison conceptuelle par rapport aux Présocratiques, qui parlaient encore des « éléments ». Par la suite, ils eurent une importance exceptionnelle dans l’histoire de la philosophie, bien au-delà de la scolastique médiévale et de la métaphysique classique, puisqu’au XXe siècle Heidegger et d’autres se mesurent encore et toujours à eux. Comment Platon puis Aristote les pensent-ils ? Quel sens leur donnent-ils ? Outre l’intérêt intrinsèque du commentaire, très fouillé et très appuyé sur les textes, on note les connexions et les inversions que Ricœur établit au sein des deux philosophies et entre elles, et son insistance, déjà, sur le langage. Il met aussi en relief des évolutions surprenantes : un second Platon a critiqué un premier Platon (celui des Idées), et un second Aristote a critiqué Platon en le simplifiant et même en le caricaturant.
Paul Ricœur, décédé en 2005, était un des grands philosophes contemporains. Son œuvre, publiée pour l’essentiel au Seuil, est traduite en de nombreuses langues.