Faire constater clairement qu’il y a de la pensée chez Lacan. De la pensée, c'est-à-dire quelque chose dont l’existence s’impose à qui ne l’a pas pensé. Tel est le projet.
Il faut établir qu’existent chez Lacan des propositions suffisamment robustes pour être extraites de leur champ propre, pour supporter des changements de position et des modifications de l’espace discursif. En revanche, il n’est pas nécessaire d’être exhaustif ; il suffit que quelques propriétés de ce type soient reconnues pour quelques propositions.
Ainsi caractérisé, ce projet se définit en extériorité et en incomplétude : situer quelques reliefs extérieurs (Koyré, Kojève, Jakobson, Bourbaki, etc.) que le discours lacanien a heurtés, contournés, divisés, non sans en recevoir une forme et non sans leur en conférer une. On peut appeler cela un matérialisme discursif.
Jean-Claude Milner