« Où est passé hier ? » se demandait Gamal Ghitany dans les premières pages de Sémaphores, son précédent Carnet. Le questionnement sur l’oubli, sur la mémoire des hommes et la mémoire des lieux, ceux de l’Égypte et du vaste monde, irrigue de la même manière Par-delà les fenêtres. Mais ici, tous les souvenirs, toutes les images surgissent dans le regard de l’auteur par le truchement des fenêtres : fenêtres de l’enfance au Caire, de la découverte de l’amour, du désir, de la mort ; fenêtres des hôtels ; hublots des avions ou des sous-marins ; ouvertures des casemates sur le front de Suez ; guichets des portes de prison ; « fenêtres d’apparition » du pharaon ou des dirigeants politiques modernes ; vitrages des hauts gratte-ciels moscovites ou newyorkais ; tableaux d’Edward Hopper… autant d’ouvertures sur le monde, dans ce qu’il peut avoir de plus insaisissable.
Traduit de l'arabe (Égypte) par Emmanuel Varlet
Gamal Ghitany, né en 1945, est mort le 18 octobre 2015. Dessinateur de tapis à dix-sept ans, il avait publié parallèlement son premier recueil de nouvelles. Grand reporter à vingt-trois ans, considéré comme le plus grand écrivain égyptien après Naguib Mahfouz, il fut l’auteur de nombreux romans et recueils de nouvelles, dont Le Livre des Illuminations, salué comme un chef-d’œuvre.