« Cités », « banlieues », « zones urbaines sensibles »... Ces territoires que l’on ne sait plus nommer ont subi bien des transformations depuis trois décennies : paupérisation, ségrégation urbaine et ethnique, expansion des économies souterraines, durcissement des rapports avec les institutions. Les émeutes et les violences viennent régulièrement révéler les limites de l’action publique. Ce livre propose un diagnostic fondé sur vingt ans de recherches de terrain, en même temps que des pistes pour repolitiser ce que l’on ne cesse de stigmatiser. Car, pour sortir de l’impasse, il est nécessaire d’inventer une « politique des banlieues » s’appuyant sur la force des quartiers, sur le dynamisme des acteurs, les femmes, la jeunesse. Lutter contre le chômage et la délinquance est une nécessité ; mais l’intégration politique doit être la priorité. Il est urgent que les habitants deviennent des citoyens à part entière, c’est-à-dire des acteurs de la vie démocratique. Pour refaire les cités, il faut au préalable refaire la cité.
Michel Kokoreff, sociologue, est professeur à l’université de Paris 8 Vincennes-Saint-Denis. Ses travaux portent sur les jeunes, l’usage des drogues et le militantisme dans les cités populaires. Il a notamment publié La Force des quartiers (Payot, 2003).
Didier Lapeyronnie, sociologue, est professeur à l’université Paris-Sorbonne. Spécialiste des questions urbaines, de l’immigration et du racisme, il a notamment publié Ghetto urbain (Laffont, 2008).