La transformation du Front national ne se réduit pas à une saga familiale, ni à une stratégie de « dédiabolisation ». Pour comprendre ce mouvement qui se revendique comme le « premier parti de France », il est essentiel de démêler les traditions idéologiques qui fondent aujourd’hui son identité. Grégoire Kauffmann montre que le nouveau FN emprunte au vieux populisme xénophobe né au xixe siècle dans le sillage de l’« anticapitalisme national ». Le slogan « ni droite ni gauche » s’inscrit dans cette filiation anti-élites, profondément hostile à la modernité libérale. En s’appropriant les valeurs de la République, brandies comme des armes contre l’islam, Marine Le Pen tente de concilier autour d’un plus petit dénominateur commun les tendances concurrentes de l’extrême droite française.
Docteur en histoire, éditeur et enseignant à Sciences Po Paris, Grégoire Kauffmann a publié la biographie Édouard Drumont (Perrin, 2008, prix du Sénat du livre d’histoire). Il a également codirigé Les Rebelles, une anthologie (CNRS Éditions/Le Monde, 2014).