Pourquoi les hommes sont-ils capables d’aller sur la lune et se perdent-ils dans un parc ? Pourquoi sont-ils si à l’aise dans les espaces virtuels et s’égarent-ils si facilement dans un environnement naturel ? À la différence de nombreux autres animaux qui s’orientent sans mal grâce à une sensibilité fine au champ magnétique ou à la polarisation de la lumière, les hommes ne sont munis que de leurs deux yeux. Et si leur cerveau très développé leur permet d’élaborer des cartes mentales, celles-ci ne donnent qu’une représentation abstraite et simplifiée de l’espace. Le paradoxe est que cette faiblesse est aussi un atout : c’est elle qui explique notre aisance dans le virtuel, notre créativité en architecture, en urbanisme, etc. Mais c’est elle aussi qui accentue notre tendance à voir le monde comme un assemblage d’aperçus visuels, détachés les uns des autres et surtout de leur origine sur la planète, expliquant ainsi notre penchant à la négliger et à la détruire.
Militant pour une « reconnexion » à l’espace, cet essai passionnant et engagé fourmille d’informations sur les modes de navigation humain et animal. Il propose également des pistes pour prendre conscience de la façon dont nous sommes coupés de notre environnement et pour le réinvestir.
Colin Ellard est psychologue expérimental, spécialiste de psychogéographie. Il enseigne à l’université de Waterloo (Ontario) et explore la façon dont l’espace nous influence et dont nous l’investissons, établissant un pont entre psychologie, architecture et urbanisme.
Traduit de l’anglais par Jean-Rémi Alisse