Septembre 2001-septembre 2009 : en l’espace de huit ans, une jeune femme déploie son chant et disparaît. Huit ans seulement pour entrer avec fracas dans la littérature et pour s’échapper du monde tout aussi violemment. Nelly Arcan était une guerrière, sous les fragiles apparences d’un ange blond. Son courage intellectuel n’avait d’égal que son effroi de vivre, c’est-à-dire d’habiter un corps. Un corps de femme, exposé et convoité, prison et camisole, étendard et linceul. Burqa de chair, disait-elle dans une formule saisissante. Il semblerait que très tôt elle ait appris à poser les bonnes questions, celles qui dérangent, que s’emploie à détailler Nancy Huston dans sa préface. Les textes qu’on lira ici sont du meilleur Nelly Arcan. Dernières pierres blanches au bord d’une route interrompue, ils nous donnent l’occasion d’entendre encore une fois la beauté de cette langue inimitable, étourdissante, et qui laisse le lecteur hors d’haleine.
Nelly Arcan, de son vrai nom Isabelle Fortier, est née à Lac-Mégantic, au Québec. Son premier roman, Putain, publié au Seuil en 2001, connaît un retentissement mondial. Folle (2004) et A ciel ouvert (2007) prolongeront les échos de cette œuvre aussi brève qu’intransigeante. Nelly Arcan s’est donné la mort le 24 septembre 2009 dans son appartement du Plateau Mont-Royal à Montréal. Quelques jours plus tard paraissait Paradis clef en main.