Lorsqu’il avait été enfin seul, et libre, en descendant de l’autocar qui l’avait emmené du sud de l’Espagne au nord de la France, Samba avait regardé autour de lui et c’était la France, c’était Paris, alors il avait marché, marché le long des bâtiments du passé. Ses chaussures étaient minables et trouées, mais le ciel était jaune, les murs brillaient dans la lumière du soleil qui tombait, et il était au centre du monde. Il savait que cela ne durerait peut-être pas, mais il était heureux d’être là, et cela rendait ces minutes encore plus précieuses.
Dix ans plus tard, il était toujours ébloui par la lumière des quais.
Même derrière les barreaux, même les menottes aux poignets, il aimait la France.
C’était un patriote.
D. C.
Delphine Coulin est écrivain et cinéaste. Elle a publié Les Traces et Une seconde de plus aux éditions Grasset, et Les Mille-vies au Seuil.