« Je me rappelle encore avec quelle émotion le vieillard que j'étais à l'âge de neuf ans, de retour du camp, reçut au jour solennel de son anniversaire un recueil de contes roumains. En cet après-midi d'été 1945, dans le silence de la pièce, seul dans l'univers, je découvrais la langue fascinante, magnétique, miraculeuse, d'un conteur de génie. »
Lire ou écrire, c’est vivre, c’est aussi revivre et survivre, lorsque, comme Norman Manea, on a connu l’épreuve des camps d’extermination et le bonheur obligatoire d’un pays communiste.
La Cinquième Impossibilité (en écho aux quatre « impossibilités » de Kafka) dessine les contours d’une vie passionnée de lecteur-écrivain dans la « grande aventure des pages » : les œuvres d’Ernesto Sabato, Philip Roth, Paul Celan, Benjamin Fondane, Eugène Ionesco, ou encore Cioran, Antonio Tabucchi, Saul Bellow, Claudio Magris, Franz Kafka sont ici évoquées et, à travers elles, les trépidations et les tragédies du monde, les affinités électives et les amitiés profondes.
Ce recueil de douze textes compose une trajectoire, de Berlin à New York, où l’auteur a échoué voici plus de vingt ans. La « maison de l’escargot roumain», c’est sa langue, que l’éternel exilé emporte avec lui partout où le mènent ses pérégrinations.
Traduit du roumain par Marily Le Nir et Odile Serre