Los Angeles, 1970. Doc Sportello est un détective privé d’un genre particulier : il vit sur une des plages de la ville, est un adepte du joint bien roulé, et, à l’occasion, du trip intersidéral à l’acide. Avec son meilleur ennemi, le flic Bigfoot, il enquête sur l’étrange disparition du milliardaire et homme d’affaires Mickey Wolfmann. Tous deux ont de bonnes raisons de tirer au clair cette intrigue, d’en avoir peur, de se perdre en route pour mieux rebondir à grand renfort de bananes glacées ou de marie-jeanne colombienne. Il faut dire que quelques coups de massue donnés par l’Histoire en marche ont fini de détraquer la Californie et de torpiller le rêve hippie : les émeutes du quartier de Watts à Los Angeles, en 1965, ont crispé les esprits et les tensions raciales se sont exacerbées, les assassinats commandités par Charles Manson ont créé un profond traumatisme, sans compter la guerre du Vietnam qui a ramené en ville une jeunesse paranoïaque et détruite.
Ce polar détourné, aux rebondissements rocambolesques, s’appuie sur une multitude de personnages déjantés avec, comme toujours, un fond musical au son du ukulélé. Pynchon nous offre une nouvelle fois un roman jubilatoire avec un art très aigu du dialogue et des digressions dans l’intrigue.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nicolas Richard