Comme un funambule sur son fil, Pleurnichard guide Jean-Claude Grumberg dans la traversée de sa vie. L’un se cachant derrière l’autre, tous deux tentent de vaincre leur peur en la proclamant.
« […] Comment se venger ? de quoi ? Pleurnichard avait trouvé inconsciemment son moyen : insulter les flics, les douaniers, les préposés à l’état civil ou tout autre fonctionnaire rond de cuir et manches de lustrine, les instituteurs, les contrôleurs SNCF et RATP, tous ceux qui incarnaient plus ou moins à ses yeux le pouvoir, l’autorité. Voilà. […]
Drôle de manière de se venger dites-vous ? Sans doute. Refuser la société même au sein des organisations dont le but avoué semblait être la destruction de cette société, se faire un devoir d’y râler, d’y ricaner, d’y douter, d’ironiser. On tue ton père et tu ne te venges pas. Hamlet. La pièce était faite. Faire ou défaire, voilà la question. […] »
« En fait, je n’ai jamais su vraiment me comporter devant le malheur absolu. Faut-il pleurer, s’arracher la tête et la piétiner, ou rire à en crever ? Désormais, pour être sûr d’être tout à fait humain, je m’efforce et m’efforcerai de faire les trois ensemble. »
J.-Cl. G.
Jean-Claude Grumberg est l’auteur d’une trentaine de pièces de théâtre, jouées partout dans le monde, et scénariste de films (avec Truffaut, Costa-Gavras etc.). Il a publié au Seuil, dans la même collection, Mon Père. Inventaire (2003, « Points », 2010).