L’au-delà a été confisqué par les religions. Nous y croyons sans y croire. Nous savons, sans oser nous l’avouer, que les morts n’ont pas vraiment disparu.
À Pompéi, à Pétra, à Deir el-Médineh, comme en des lieux bien plus intimes, les ruines sont toujours des maisons hantées. Les formes, les anatomies, les visages conservés dans la cire, le sable, le celluloïd ou la nuit ne sont pas des objets inertes mais nos empreintes, l’image de nos doubles. Les vestiges les plus troublants sont à l’intérieur de nos yeux.
Le passé n’est jamais perdu. Il n’est même pas passé. Pourquoi les êtres oubliés ne reviendraient-ils pas puisque nous les attendons ? N’existe-t-il pas sur terre, quelque part entre les cercles de l’au-delà, des cachettes où les vivants d’hier, les proches que nous continuons de chérir comme les êtres lointains que nous n’avons pas connus, seraient encore là ? Présents pour nous fixer rendez-vous, rendez-vous dans une autre vie…
Cinéaste, Jérôme Prieur a notamment réalisé (avec Gérard Mordillat) les séries documentaires Corpus Christi, L’Origine du christianisme et L’Apocalypse. Il est également l’auteur d’une douzaine de livres, dont Proust fantôme (Gallimard/Le Promeneur). Il a publié en 2006 au Seuil Roman noir, un essai sur la littérature gothique, dans « La Librairie du XXIe siècle ».