Cette toute première biographie consacrée à l’un des derniers prix Nobel de littérature française retrace l’itinéraire d’un écrivain qui en dépit des innombrables thèses qui lui ont été dédiées reste tout à la fois universellement admiré et curieusement méconnu. La haute exigence formelle de cette œuvre trop souvent jugée ardue a longtemps occulté une évidence qui jalonne toute la production écrite de Claude Simon : son ancrage dans un vécu complexe qui la traverse de part en part et dont elle revisite et décompose livre après livre les ressorts les plus intimes. Issu d’un milieu bourgeois et conservateur, très vite orphelin de père puis de mère, Claude Simon s’est construit dans une relation conflictuelle à ses origines. Il y a l’enfance, bien sûr, récurrente dans son œuvre, mais également d’autres moments marquants, comme son expérience de la captivité pendant la Seconde Guerre mondiale, dont il rendra compte dans La Route des Flandres. Le refus du roman traditionnel qui l’a trop vite classé dans la mouvance du « nouveau roman » apparaît en ce sens tout à la fois comme une ascèse et comme une tentative sans cesse renouvelée d’explorer les non-dits et les secrets les plus enfouis d’un passé douloureux. Tout le propos de cette biographie richement documentée, et écrite d’une plume alerte et sensible, est de nous démontrer combien la vie de Claude Simon est d’abord et avant tout l’histoire d’une émancipation, et son œuvre un exorcisme permanent des fantômes de la mémoire.