La mondialisation efface-t-elle les différences entre les peuples ? Les cultures sont-elles également compatibles avec la démocratie ? Pour comprendre la Chine d’aujourd’hui, faut-il revenir à l’idée d’une Chine éternelle ? Les sciences sociales peinent devant ce type de questions. Philippe d’Iribarne propose ici une voie de réponse. Dans chaque société, le regard porté sur l’existence est durablement structuré par la présence d’un péril craint entre tous : aux Etats-Unis, perdre le contrôle de son destin, en France en être réduit à plier, par peur ou par intérêt, devant qui peut vous nuire ou vous prodiguer ses faveurs, en Inde se rendre impur, à Bali être livré au chaos engendré par la résurgence d’émotions habituellement bien contenues, au Cameroun être victime de ce que trame dans l’ombre celui qui vous fait bonne figure… Le souci de conjurer ce péril nourrit la façon dont les individus, révolutionnaires ou défenseurs des traditions, orientent leur action et conçoivent les institutions qu'ils se donnent. Il s’agit là d’un rouage essentiel, jusqu’ici non identifié, du fonctionnement des sociétés. En prendre conscience renouvelle notre regard sur la modernité, transforme notre compréhension du vivre ensemble et ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire des sciences sociales.
Philippe d’Iribarne observe et pense depuis des années la diversité des manières de s’organiser pour vivre et travailler ensemble. Il est l’auteur notamment de La Logique de l’honneur (Seuil, 1989), Cultures et Mondialisation (en collaboration, Seuil, 1998) et L’Étrangeté française (Seuil, 2006)