« Quiconque ne pouvait chanter sa généalogie et la faire remonter jusqu’à l’octave juste, jusqu’au Totem, était appelé l’Anomalie : quelqu’un dont l’apparence humaine allait compter pour contrefaçon. « La panique pour l’instant n’a gagné que les mots », écrivait Mozaya, le ton toujours aussi buté que s’il avait parlé de ces pluies calamiteuses qui s’annoncent par de grands vents, mais qui ne s’abattent pas, que les hommes se préparent à fuir, avant de s’apercevoir que le ciel s’est à nouveau éclairci sans raison.
« Et je sais que la fanfaronnade est la pudeur des grands blessés ».
Le narrateur revient dans son pays après dix ans de massacres. Ce faisant, il cherche à comprendre comment son ami Mozaya est mort, et à retrouver un certain Asafo Johnson avec lequel il avait fondé une troupe de théâtre en ses années d’étudiant. La vie renaît, hantée par de vieilles et mortelles litanies, ces phrases-talisman qui se recourbent sur elles-mêmes comme la queue du scorpion.
Kossi Efoui, né au Togo, se consacre en partie au théâtre. Ses pièces sont jouées sur les scènes européennes et africaines. Il a publié deux romans, La Polka (1998) et La Fabrique decérémonies (2001).