Dans ce second volet de sa critique du modèle de l’ H omo oeconomicus, Jon Elster passe au crible l’hypothèse de rationalité qui, plus encore que le postulat de motivation intéressée dont il était question dans le premier tome ( Le Désintéressement, 2009), domine les théories économiques.
En s’appuyant autant sur la philosophie et la littérature que sur la psychologie du comportement, et avec une égale maîtrise sur l’histoire et la théorie des jeux, il montre que l’hypothèse de rationalité se révèle souvent arbitraire. Confrontés à des choix dont la solution optimale reste parfois indéterminée, sujets aux biais tant émotionnels que cognitifs et victimes d’alchimies mentales qui opèrent « derrière notre dos », nous obéissons à des principes dont l’irrationalité est loin d’être résiduelle.
Les comportements qui en découlent n’en sont pas moins justiciables d’une explication qui, si elle ne se conforme pas toujours à l’idéal scientifique de la prédiction unique auquel la théorie du choix rationnel doit son succès, a l’avantage de l’épaisseur et l’élégance du discernement.
Jon Elster occupe la chaire « Rationalité et Sciences sociales » au Collège de France. Il a enseigné à l’université de Paris-13, à l’université d’Oslo, à Chicago University et à Columbia University. Il est l’auteur d’une vingtaine de livres, dont Le Laboureur et ses enfants (Minuit, 1987) et Agir contre soi (Odile Jacob, 2007).